Dans mon rêve, cette nuit, tu t’appelais Lily.
Et tu courrais vers moi
Moi qui t’attendais sous les cariatides de la gare du nord.
Petite, cheveux au vent, jupe rouge, peau claire.
Mon cœur tapait fort dans ma poitrine,
Si fort que je faillis t’embrasser, d’instinct
Lorsque tu fus tout près de moi.
Mais il ne fallait pas, surtout pas
(N’étais-tu pas encore divorcée de ce monstre ?)
Alors tu pris mon bras et me tiras dans le hall de la gare,
Me susurras quelques mots doux d’espoir,
Tu me fis un baiser sur la joue, 
Me souris, 
Puis disparus... au réveil.
 
Dans une de mes histoires couchées sur le papier, 
Tu t’appelais Estelle.
Nous étions en Provence, en 1774, et j’étais musicien du Roi.
Dans une autre, tu te nommais Clio, fille d’Ephyra
Et la guerre du Péloponnèse dévastait notre peuple.
Dans une autre encore, à l’été 1412,
Tu étais Blanche de Septeuil,
Promise à un odieux personnage.
Dans ma prime jeunesse (j’avais presque 12 ans),
Là-bas, dans mes collines odorantes, tout près de la Durance,
Ton nom était Fabienne et tu étais vraie.
Je glissais doucement le beau peigne en écaille de tortue 
Dans ta chevelure d’ange
Et quantité de frissons voluptueux me parcouraient le corps.
 
Mais qui es tu vraiment, furtive Colombine ? 
Souvenirs seulement ou fruit d’imaginaire ?
Des amours de papier, visages de carnaval ?
Pourtant, quand la vie semble dure 
Et que l’âge me pèse,
Quand mes amis tombent au champ de la vie,
Ne me laissant plus que souvenirs,
Je te vois revenir et me réchauffer l’âme
De ton amour si grand ;
Si grand que l’univers me paraît tout petit.

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