Les dix mots sélectionnés :

AILLEURS

CAPTEUR

CLAIR DE TERRE

CLIC

COMPATIBLE

DESIRER

GENOME

PERENNE

TRANSFORMER

VISION


I aurois tant désiré une telle machine

Munie de cent capteurs d’energye du soleil

Cuidant me transformer, en me courbant l’eschine,

En un vif projectile a nul aultre pareil ;

 

Voiager dans l’ailleurs de Mars à Jupiter ;

Avoir vision pérenne de l’astre de la Lune

Observans de là  haut le radieu cler de terre

Compatible en tous poincts a nostre cler de lune.

 

I aurois peu mesurer a loisir le genome ;

Me reposer enfin loing du temps, loing de l’homme,

Puis repartir au gré de mon desir soudain

En un clic de mes doigts, poursuivre mon destin.

 

Pcc Cyrano de Bergerac




Une fois passé le stress de l’alunissage, émotion inhérente à l’astronaute malgré la fiabilité des capteurs de distance d’approche, John vérifia son scaphandre. Il boucla d’un clic la ceinture ventrale maintenant les bouteilles d’oxygène puis se dirigea vers le sas. En ouvrant la porte donnant sur l’extérieur du module lunaire il ne put que s’émerveiller du clair de terre diffusant sa lumière diaphane sur le sol et chaque relief dont les ombres noires et nettes s’étiraient à l’opposé. Ailleurs ce n’étaient que cirques, cratères, pics acérés et, au-dessus de l’horizon, une nuit noire, infinie, où les milliards d’étoiles brillaient sans aucun scintillement. Cette vision des objets sans halo ni aberration chromatique était nouvelle pour lui. Pour mener à bien les diverses expériences programmées, dont celle sur le comportement du génome humain en pression nulle, John devait d’abord transformer un petit appareil compatible avec l’absence d’atmosphère. Il avait tant désiré cette mission que son bonheur était maintenant total. Le temps ne se mesurait plus : toutes ces sensations merveilleuses devenaient alors pérennes pour l’éternité.


 

Ailleurs, j’irai demain me transformer en ange.

Eternelle et pérenne, Belle de tous mes rêves,

Je te désirerai chaque jour et sans trêve,

Je capterai pour toi cette lumière étrange,

 

Diffuse onde bleutée que l’on dit clair de terre,

Laisserai aux terriens l’étude du génome

(Matérialiste jeu joué par jeunes hommes)

Ma vision chassera mes idées délétères.


Le virtuel aura vécu en un instant,

Et mes Clic de souris ne serviront à rien

(Les anges ne sont pas compatibles aux terriens)

Puis je retrouverai ma puissance d’antan.



Fang Yin – une très belle jeune fille originaire de Hangzhou, capitale de la province chinoise du Zhejiang - venait à peine de terminer ses études de biologie moléculaire qu'elle avait été remarquée pour son intelligence. Aussitôt intégrée dans les équipes d’un laboratoire de recherche biogénétique et affectée à l’étude du génome de différentes espèces, elle se posait des questions.
Son immersion dans un monde autant matérialiste que celui de la recherche lui faisait regretter sa province natale où les sages ont une vision tout autre de la vie et dispensent une philosophie bien plus en liaison avec la nature, et où l’homme, si pérenne soit-il, n’impose jamais sa suprématie sur les espèces vivantes. D’ailleurs, faisait-elle remarquer, tous ceux qui croient que l’homme se résume à son seul génome savent-ils que le génome humain contient 3400 Mb (Mégabases) alors que l’amibe en compte 675000 ?
Fang Yin aimait la biologie pour mieux comprendre le "comment" de la vie, non le "pourquoi" issu le plus souvent d’élucubrations anthropomorphes.  Elle désirait seulement accroître sa connaissance des espèces, non se transformer en disciple "compatible Dr Machin".

Elle était en train de saisir sur son clavier d’ordinateur les données qu’elle venait d’observer lorsque le capteur de mouvement fixé dans un angle du plafond clignota. Derrière elle se tenait Jérôme, debout, fasciné par la beauté de sa chevelure aile-de-corbeau. Il se pencha un peu au-dessus de son épaule, la frôlant légèrement de son bras. La main de Fang Yin tressauta, provoquant ainsi un clic involontaire de sa souris. Aussitôt, l’écran devint bleuté, d'un bleu indéfinissable : on aurait dit un clair de terre.

Jérôme, débordant d'amour, rassembla tout son courage et demanda : « Fang Yin, et si l’on partait tous les deux, ailleurs ? » 

 


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