C’est vrai
Que chaque soir se gonfle ton ventre putride
Ville enceinte d’autobus, de métros, de noires pollutions,
Et dont l’accouchement n’est que douleurs fétides

C’est vrai
Que tes poumons exhalent l’âcre fumée
Que ta Seine dégouline comme pisse le chien
Entre trois ponts blafards, deux îles, et le ciel noir

Mais à l’aube,
Bien après que le dernier fêtard ait vomi sa solitude
Dans les rigoles du désespoir ;
Bien après que le clochard se soit enfin endormi,
Rêvant d’un improbable miracle ;
Après que la putain ait rejoint sa vraie couche
Repensant à ce fils qu’elle dut abandonner ;
Bien après que la nymphe se soit usé la bouche à des sexes de passage…

Alors, alors,

L’air descend doucement, effleurant les gargouilles,
Les noircissant un peu, leur imprimant le temps,
Palimpseste éternel.

Alors jaillit soudain d’entre les tours de Notre-Dame
L’astre de vie.

Alors entend-on le premier cri du bébé naissant ;
Puis un vol de moineaux à la conquête des nuages ;

Alors la lumière se répand comme vague emportant toute ta misère ;
Et alors je veux croire encore et encore que tu es belle
Et que la vie l’est aussi.

 

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